Avant de démarrer, je souhaite remercier Annabelle (coucou Annabelle !) qui m'a envoyé la semaine dernière un mail me demandant où on pouvait retrouver les anciens épisodes de cette newsletter. Ce mail a déclenché un tsunami cérébral dont je vous parle aujourd'hui. Annabelle, ma réponse à ton mail est cette newsletter et, plus précisément, tu pourras désormais les épisodes de la newsletter sur la section blog du site de l'Atelier perché. Je vais les publier au fur et à mesure.
Normalement, on se situe dans ce nouveau cycle où j'aborde plusieurs notions centrales dans la pratique du yoga qui sont peu approfondies dans le cadre des cours collectifs mais...vous savez quoi ? Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'autre chose.
La semaine dernière, nous sommes revenu.es à l'intention originelle du yoga pour mieux comprendre les bandhas. Vous vous souvenez ? Conserver son énergie à l'intérieur de soi (plutôt que de la disperser sans cesse vers l'extérieur) puis apprendre à la canaliser.
Cette semaine, Trupta a refait une session live sur Instagram où il aborde avec Stéphanie viu Kessler le sujet des yoga sutras et des yamas et niyamas (en particulier le concept de ahimsa (non-violence) donc si ce thème vous intéresse, c'est ici)(ils répondent notamment à la question TANT entendue du végétarisme/végétalisme : est-ce qu'être un yogi implique nécessairement de ne pas manger de viande ?)(J'ai personnellement peu d'intérêt pour la question abordée sous cet angle, en revanche je trouve l'exercice intellectuel d'interpréter un texte ancien à l'aune de nos sociétés actuelles très intéressant)(c'était une parenthèse beaucoup trop longue, je suis désolée).
BREF.
Dans cette vidéo, Trupta revient à l'intention première du yoga, cette idée de ne être sans cesse en réaction aux stimuli extérieurs et de pouvoir se recentrer sur soi. Et j'ai repensé à notre toute première discussion, celle qui est à l'origine de cette newsletter. Vous m'aviez demandé comment développer votre pratique du yoga au-delà des asanas. Aujourd'hui, je voulais vous répondre que c'est possible en entamant de petits pas qui vous emmènent dans cette direction.
C'est flou, je sais. Je vous connais, je vous ai vu.es venir, c'est pour ça que j'ai un exemple (franchement, vous êtes dur.es, vous ne laissez rien passer).
Mon exemple, c'est cette newsletter. Dans le cadre du yoga, je souhaite mobiliser mon énergie dans 2 directions : (i) développer ma pratique personnelle et (ii) partager, transmettre ce que j'ai appris, et continue d'apprendre, sur cette discipline. La mise en place de cette newsletter remplit ce second point. Partie d'un échange avec vous, je me suis finalement prise au jeu et c'est un format que j'affectionne tout particulièrement. C'est aussi un médium que j'aimerais développer en rendant cette newsletter plus visible. Et c'est précisément ici que le bât blesse.
Pourquoi ?
Parce que, dès que j'envisage d'entreprendre des actions concrètes pour accroître la visibilité de cette newsletter (en parler sur Facebook, mettre en ligne chaque épisode sur le site, etc), je me heurte à la même pensée : "Oui mais si quelqu'un trouve ça nul et me fait une remarque ? Ou pire, si quelqu'un détecte UNE ERREUR et le signale devant TOUT LE MONDE ?". D'aucuns pourront dire que cette pensée est puérile, immature, faible, peu importe. La qualifier ne m'intéresse pas, elle est là. En revanche, je souhaite la dépasser. Le souci, c'est qu'à chaque fois que j'ai tenté de dealer avec cette pensée, c'est à dire de trouver des contre-arguments ("si quelqu'un trouve ça nul, tu lui dis d'aller chercher un contenu qu'il trouverait de meilleure qualité", "si quelqu'un détecte une erreur, tu le remercies et tu modifies ou complètes ton propos"), l'échec a été absolu. Ces arguments ont beau être rationnels, ils ne font aucun poids face à l'irrationnalité de ma crainte première. Du coup, je ne parle pas de ma newsletter, je ne l'affiche pas et les épisodes sont introuvables en-dehors des boîtes mails (vous êtes des privilégié.es).
Qu'est ce qui se joue ici si on analyse cette situation sous le prisme de la pratique du yoga ? Mon intention est claire sur la façon dont je souhaite utiliser mon énergie MAIS je subis et me disperse sous la prise d'éléments externes (ici le regard éventuel des autres). Et je peux vous dire que cette situation me coûte de l'énergie. Ce n'est pas binaire comme j'aimerais-mais j'ai peur-donc je ne fais pas-point. Non, c'est plutôt j'aimerais-mais j'ai peur-mais j'aimerais-mais j'ai peur-oui mais-ah non mais j'ai peur-c'est triste-oui mais j'ai peur-quand même-oui mais... vous voyez le bidule. Et je suis certaine que vous voyez le bidule parce que nous faisons toutes et tous face à ce type de situations.
Du coup, j'ai pris le truc dans l'autre sens. Attention la démonstration qui suit est implacable. Ma motivation première dans la vie est de devenir une meilleure personne. C'est extrêmement personnel, chacun.e a des motivations différentes. Moi, c'est celle-ci. En-dehors, je trouve que la vie n'a aucun sens (la mienne, du moins). Le yoga étant une discipline qui m'aide à concrétiser cet objectif, développer ma pratique du yoga est une de mes priorités. Pour la développer, il faut mettre en place des actions permettant de conserver son énergie à l'intérieur de soi et se détacher des influences externes. Ok. Tergiverser des heures et appréhender les réactions potentielles vis à vis de cette newsletter sont une perte d'énergie. DU COUP, je vais passer outre. Ce qui change, ce n'est pas mon émotion (j'ai toujours les pétoches) mais ma motivation : je ne le fais pas parce que je dépasse l'état de peur, non plus parce que je suis plus forte que ça, non plus parce que je suis plus intelligente que les autres mais parce que c'est l'action qui me semble être le plus en cohérence avec les préceptes de la pratique du yoga, et cette pratique est prioritaire dans ma vie.
Concrètement, je vais mettre chaque épisode de cette newsletter en ligne sur le site de l'Atelier perché et m'autoriser à en parler. Il est probable que j'hyper-ventile à chacune de ces micro-actions mais je suis en paix avec cette décision. Je sais qu'elle est juste.
"Quand on ne sent pas son pied, c’est que la chaussure chausse bien. Quand on ne sent pas sa taille, c’est que la ceinture sied. Quand on oublie les alternatives logiques, c’est qu’on a l’esprit à l’aise. Quand nous ne varions pas au-dedans et que nous restons indépendants du dehors14, c’est que nous agissons juste. Quand nous agissons juste dès le début et ne cessons d’agir juste, nous n’avons même plus conscience d’agir juste (Billeter, 1993, p. 556)." (issue de cet article de recherche relativement intéressant sur la place du Soi dans l'action efficente incarnée par l'idée de laisser-agir dans le cadre des arts martiaux chinois)(laissez-moi tranquille, chacun ses lectures).
TOUT CA POUR DIRE que pratiquer le yoga en-dehors de votre tapis passe également par ce type d'actions. Je sais que ça peut sonner comme une injonction de développement personnel à la noix (je n'ai rien contre le développement personnel) et que mon exemple peut sembler infime, voire insignifiant. Après tout, ce n'est qu'une newsletter. Mais peu importe l'objet à vrai dire. Ce qui compte, on y revient toujours, c'est de se détacher des choses qui vous prennent de l'énergie et qui ne vous permettent pas d'aller dans la direction que vous souhaitez. Ca peut être riquiqui comme cette newsletter ou plus vaste mais je suis certaine que vous pouvez trouver des éléments sur lesquels jeter un oeil et, peut-être commencer à mettre en place ce type de démarches.
Voilà.